Traveling Blues - Lovie Austin, Cora Calhoun
Lovie Austin, Cora Calhoun
Par Olivier Douville
Traveling Blues - Lovie Austin, Cora Calhoun (1887-1972) - 78t - Chicago, 1924-11-00, Paramount Orchestre : Lovie Austin and Her Blues Serenaders : Lovie Austin (piano et leader) ; Tommy Ladnier (cornet) ; Junnie Cobb ou Jimmy O' Bryant (clarinette)
Née Cora Cahoun, la pianiste Lovie Austin étudie la musique à la Roger-Williams University de Nashville et fait ses débuts professionnels à Chicago, en jouant dans des orchestres de fosse pour accompagner des spectacles, dont celui de son second mari et partenaire.
Sa bonne réputation ne manquant pas de bruire elle devient la pianiste en titre de la maison Paramount.
Au début des années 1920, elle trouve un joli nom pour les petits combos qu’elle dirigera : les « Lovie Austin’s Blues Serenaders » . Elle sait s’y s’entourer de musiciens qui tous ont d’extraordinaires dispositions pour accompagner des chanteuses de blues et jouer cette musique : Tommy Ladnier, Johnny Dodds,Jimmy O’ Bryant, Joe Smith pour les plus notables d’entre eux. Son art pianistique est limitée, elle sait disposer sous les pas des improvisateurs qui l’entoure un tissu d’harmoniques convenables monté sur un tempo régulier, cependant ses solos sont dépourvus d’intensité et de relief.
Longtemps directrice musicale dans plus d’un théâtre de Chicago, elle est présente sur de nombreuses cires gravées par Gertrude « Ma » Rainey, Ida Cox, Ethel Waters ou Edmonia Henderson qui se sentent aises d'enregistrer avec cette femme noire qui les accompagne sans mauvaises surprises.
Lovie Austin fut une actrice importante et avisée de la musique de son époque, la sensibilité du public noir s’attacha vivement à sa personne et à ses disques. Leur simplicité et leur dépouillement donnent un vrai relief aux qualités des musiciens qui s’y expriment dans une belle liberté de ton et une franche communion d’inspiration.
Ce « Travelling Blues » pris sur un tempo idéal bénéficie du jeu de Tommy Ladnier, dont le caractère est à la fois plein de douceur et de détermination. Une incertitude demeure quant à l’identité du clarinettiste. Son élégance et son aisance dans l’aigu nous font rejoindre la plupart des historiens et critiques qui identifient ici Jimmy ‘O Bryant.
Olivier Douville