Bei Mir bist Du Schoen - Benjamin David "Benny" Goodman - (1909-1986)
Bei Mir bist Du Schoen - Benjamin David "Benny" Goodman - (1909-1986)
Par Olivier Douville
78t - New York , 1937-12-29, Victor - Orchestre : Benny Goodman Quartet : Benny Goodman (clarinette, leader) ; Teddy Wilson (piano) ; Lionel Hampton (vibraphone) ; Ziggy Elman (trompette sur la seconde partie) ; Gene Krupa (batterie) ; Martha Titlon (vocal)
Le quartet de Benny Goodman s’enrichit ici d’une chanteuse et d’un musicien parangon de ce qu’est le trompettiste « middle-jazz » : Ziggy Elman.
Martha Titlon qui fut vocaliste de l’orchestre du tromboniste Tommy Dorsey a connu un succès monstre en 1939 avec la chanson «And the Angels Sing» enregistré avec l’orchestre de Benny Goodman -une démarcation d'un morceau klezmer appelé " der Sthiller Bulgar " , adapté en premier sous le titre " Frailich in swing " par Ziggy Elman. C’est une chanteuse agréable, à la voix décorative, qui fut dans les années 1940 une vedette de la marque Capitol pour laquelle elle grava des disques acidulés et monotones.
C’est chez Benny Goodman qu’elle pu faire montre d’un peu de sens d’énergie et de swing, même si elle force les accentuations de façon systématique et ne brille pas par son sens de l’émotion.
Le thème choisi est une curiosité. Ecrite à l’origine par Jacob Jacobs et Sholum Secunda pour une comédie musicale montée en 1933 au « Brooklyn Yiddish Theater », cette chanson fut à peine remarquée et personne ne se bousculait pour l’inscrire à son répertoire. Lassé de traîner ce rossignol avec lui, Secunda s’en débarrassa pour une trentaine de dollars à un éditeur de Brooklyn, au début de l’année 1937. En novembre, toute rhabillée de nouvelles paroles signées par Sammy Cahn et Saul Chaplin, l’alors très inaperçue « Bei Mir Bist du Schoen » fut enregistrée par les Andrews Sisters et devint un « tube » pour de longues années. Goodman l’inscrit au répertoire de son grand orchestre, en demandant à Jimmy Mundy d’en composer l’arrangement.
Après un premier enregistrement sans caractère de ce thème par son quartette, le 21 décembre, Goodman décide de rajouter une seconde face à cette première exécution, qui, faisant place au solo de Ziggy Elman, sera enregistrée le 29. La version de «Bei Mir Bist du Schoen» que nous commentons est donc composée de deux gravures espacées de huit jours. C’est ainsi que Tilton chante le dernier chorus et, que, surtout, le trompettiste excelle dans un chorus de style «freilich» composante de la musique klezmer. Ce trompettiste, vite dégagé de son allégeance à la virtuosité souvent par trop gratuite d'un Harry James qu'il remplace définitivement chez Goodman à la fin de l'année 1938, est un admirable soliste qui sait conduire avec aisance et autorité des petits ensembles « swing » rassemblés sous son nom ou sous celui de Lionel Hampton.
De plus, il a su intégrer à son jeu des éléments de musique kletzmer et a interprété avec bonheur des thèmes traditionnels du folklore juif. C’est un créateur original et attachant qui se montre tout à son avantage ici.
Olivier Douville