Ayler's Wing - Giorgo Gaslini
Ayler's Wing - Giorgio Gaslini - (1929)
Par Olivier Douville
CD - Milan, Italie, 1990-07-25 Soul Note Orchestre : Giorgo Gaslini (piano solo)
Giorgio Gaslini, pianiste, claviériste, compositeur, arrangeur et chef d’orchestre, né en 1929 à Milan, est un des musiciens européens contemporains les plus prolifique et les plus importants que ce soit sur les scènes de la musique composée occidentale ou du jazz. Son art transcende toutes les frontières, tout comme celui d’un Gulda ou d’un Mangelsdorff.
Virtuose du piano, avec des nuances très profondes dans le grave de l’instrument, il voit ses études musicales couronnées au plus haut niveau dans six disciplines : piano, composition, polyphonie vocale, chant choral, direction d’orchestre et composition.
Il serait vain en une seule fiche de résumer toute la carrière artistique de ce créateur d’exception. Attardons nous plus exactement sur l'enjeu de cet enregistrement: transcrire et recomposer la musique du génial Albert Ayler.
La critique y fit peu d’attention et les partisans des classifications obtuses ne comprendront rien à un tel projet durant de fort longues années encore. En effet, si on attribue, comme de juste, les qualités d’érudition et d’habilité dans le champ de la recherche musicale au pianiste italien, une écoute pauvre réserverait, dans un faux contraste, à Albert Ayler l’habit du primitivisme et de l’art naïf. Combien de fois des ignorants tant en musique qu'en peinture n’ont-ils pas qualifié Ayler de « Douanier Rousseau du jazz » ?
Enclin, après avoir travaillé comme ils furent peu à le faire la richesse de l’ouvre de Monk, à recréer la force et la cohérence de la musique d’Ayler, Gaslini, en face de l’individualité trop réelle de l’œuvre considérée, procède au moins par deux stratagème de contournement du monolithe aleyrien.
D’une part, aidé en cela par son sens varié et riche des attaques pianistiques, il transcrit les véhémences, les déchirures et les accélérations de cette musique par mille tours de pianiste. D’autre part, il rend lisible – et c’est alors de haute pédagogie- la richesse des idées mélodiques du saxophoniste et la logique avec laquelle elles se suivent et se répondent. Ce dont l’auditeur est particulièrement touché, car si tout le foisonnement de la musique ayleriénne (et ce serait surtout à partir de l’opulence des années 1964 qu’elle s’exprime ainsi) nous est bien rendue en touches claires, Gaslini avance aussi ses propres idéaux de compositeur et d’instrumentiste, ce sur un mode plutôt intimiste
Olivier Douville